Un re- baptême en vue

par Edelwine Jeu 29 Déc - 20:01

Après une course effrénée, le messager de la mairesse parvient à sa destination. Une pèlerine enveloppait la petite carrure, quelques boucles brunes couvrait son front plissé. Le vent froid marquait ses traits d'une pâleur blanchâtre; et le regard sombre, les lèvres serrées, il tirait d'un poing vigoureux sur les deux rennes, une sorte de lutte qu'il s'imaginait prendre contre le temps, contre le jour qui s'éteint.

Madame la bourgmestre, comme il a pour habitude de dire, pondît un ennuyeux monologue, contrastant avec son silence grave, réitérant moult fois sa demande, son impatience quant à la réponse. On ne saurait définir la raison qui l'empêcha de rebrousser chemin, la laissant là, seule à mouvoir continuellement ses lèvres animées d'une voix bien timbrée.

Le regard, coiffé par deux épais sourcils, caresse la vue qui s'offre à lui. Il n'est pas adepte de foi, ses pensées ne se hasardant presque jamais dans ce lieu d'idées. Dieu ou pas, croyants ou pas, prophète ou apôtres ou saint canonisé par un trop excès de chasteté ou par une profonde piété, tout ceci est dénudé de sens à ses yeux. A présent, l'architecture exclusive l'absorbait; meilleur moment de ses voyages, découvrir les dessins que d'autres mains ont confectionné dans le plus infime détail.

Le hennissement de la bâte l'extirpa de sa rêverie, le visage de la jeune mairesse bavarde, qu'il ne trouvait pas sans charme l’entraîne jusque devant l'un de ses sentinelles qu'on dresse souvent à l'entrée de ce genre de lieu prestigieux.

La lettre enfouie sous sa cape apparaît dans sa main :

Mon Père,

Vous constatez que je n'ai pas oublié la majuscule, quand bien même, il n'est pas dans mon intention de me faire adopter par vous, ayant des parents, certes loin et que je fuis, cependant, je suis de leur chaire. Je devine votre visage, enchanté acquiesçant longuement mes paroles étrangement raisonnables.

J'ai, dans les fenêtres de mon emploi du temps, pu me consacrer à formuler officiellement ma demande de confirmation de baptême. Je ne cesse d'espèrer que vous m'épargnez la pastorale vue mon passé profondément imprégné par une jeunesse passée au sein d'un couvent à la réputation sérieuse, et une éducation reçue par des femmes dévouées au service de celui qui se trouve dans les cieux. Ayez pitié d'une âme que l'on risquerait de faire fuir par un trop d'enseignements religieux. Vous avez le loisir de constater combien mes valeurs sont nobles et respectables, notamment au travers de mon poste de mairesse.

Mon Père, dites moi ce que je dois faire pour être officiellement baptisée, n'oubliez pas que je le fus à ma naissance, même si le temps a voulu que l'on perde tout document se référant à cet évènement bénit.

Dans l'attente de vous lire, recevez mes sincères salutations

Edelwine...de Bruges!

par luciobello Sam 31 Déc - 1:45

Le vicaire prit la plume pour répondre illico-presto à la plume de la nouvelle Bourgmestre.

Ma fille,

il est tout à fait normal que vous m'appeliez mon père, comme tous les autres fidèles.
Le respect envers un père ou tout autre responsable, fonctionnaire, conseiller est naturel, et n'est un exploit pour personne.

J'apprends encore en lisant votre aimable missive, que malgré votre éducation en présence de religieuses; vous ignorez quasi tout du droit canon qui régit le baptême, dont vous ne comprenez même pas le sens, voilà pourquoi on "confirme" celui des nouveaux-nés, car il n'est pas sain d'imposer à un enfant un style de vie qu'il ne désire pas.

C'est pourquoi, comme tous les autres aristotéliciens, vous devez réussir une pastorale afin de vous préparer au baptême et vous faire comprendre les valeurs aristotéliciennes.
Ce n'et malheureusement pas votre cas en ce jour, puisque vous restez au demeurant braqué inutilement contre les valeurs du Très Haut.

Devant lui, nous sommes tous égaux, il n'y a aucun passe-droit; et ceux qui ne comprennent pas le message de Dieu, ou qui n'y adhèrent pas;
restent tranquillement chez eux à vivre une vie d'hétérodoxe ignorant avec leurs vérités, leurs prétentions, leur sens à donner à leur vie, c'est votre cas.

Vous pensez que la pastorale est une corvée, et ne souhaitez pas découvrir les bases rudimentaires de notre dogme merveilleux; et bien ne demandez pas le baptême puisque vous en rejetez le sens et le principe.
Mon rôle est de rendre les gens plus heureux qu'ils ne le sont; si vous ne souhaitez pas écouter le message de divin, je n'ai alors rien à vous dire.

Cela se nomme le libre-arbitre, vous êtes libre de suivre l'enseignement de nos valeurs, puis vous êtes encore libre d'y adhérer; dans le cas contraire, vous êtes hétérodoxe.

Je conclurais humblement en vous affirmant que de vivre dans l'application stricte des sept vertus me rend aujourd'hui un des hommes les plus heureux en Flandres;
malgré mon ordination qui implique l'abstinence de plaisirs corporels et sentimentaux que nous procure la vie;
que nous sommes une infinie population à avoir trouvé réponses à nos soucis et trouver bonheur dans le livre des vertus, dont la pastorale est une infiniment réduite présentation.

Paix et bonheur,
Père Luciobello.

Un re- baptême en vue

Un re- baptême en vue

Re: Un re- baptême en vue