Partie I - Dialogues
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Partie I - Dialogues
Dialogue Ier: La naissance
La Vie d’AristoteDure est la tache de celui qui veut plonger son regard dans l’abîme dessiècles passés, et qui cherche par ses mots à faire vivre dans lescœurs les héros de jadis. S’il en est un dont la vie mérite d’êtreconté, n’est ce pas cet Aristote dont les enseignements illuminentencore notre vie et notre mort ?Voilà ce que moi, pauvre fidèle, j’entend vous conter aujourd’hui.Si la simplicité de ce récit vous touche, si la noble figure du Sageparvient jusqu'à votre cœur, alors mon œuvre aura fait sourire lespuissances des cieux.Introduction :Vie d’Aristote le sage, serviteur du Très-Haut, à qui le Verbedivin a été révélé et qui annonça la venue du salut et de la lumière. Chapitre premier.En ce temps là une grande nouvelle se répandit dans la ville de Stagire: les sages astrologues venaient de repérer une comète inconnue dans lefirmament. Aussitôt l’assemblée de la ville se réunie sur l'agora,tentant de découvrir le message que les cieux voulaient transmettre auxhommes. Hélas leur cœur était obscurci par leur foi erronée en de fauxdieux, et ils s’égaraient dans des suggestions impies : pour l’un ils’agissait de la venue d’Hermès aux pieds ailés. Pour d’autre la foudrede Zeus allait s’abattre au milieu des hommes, et les temps touchaientà leur fin. Seul dans l’assemblée un homme se taisait : son épouse était sur lepoint d’enfanter, et l’angoisse qui était la sienne ne lui permettaitpas d’intervenir. Il n’était pourtant pas le moins sage, ni le moinsécouté. La noblesse et la paix se lisait sur son visage, ainsi que lesmarques d’un dur labeur et d’une vie sans mollesse. Les discussions touchant à leur fin sans qu’aucune solution n’émerge, l’homme retourna chez lui en hâte. Là, allongée sur un lit de cuir, sa femme venait de mettre au monde unfils. L’homme s’approcha avec respect du nouveau né, le pris entre sesbras, le leva vers le ciel en disant : « Puissances célestes, je vousconfie mon fils. Donnez lui une vie droite et juste. Que son cœur soitpur, son intelligence éveillée et sa vertu sans faille. Que votresagesse guide ses pas et ses pensées, afin que son existence soit commeun chêne solide à l’ombre duquel les malheureux viendront se reposer.». Reposant l’enfant près de sa mère, l’homme s’agenouilla près du litet resta un long temps immobile, contemplant silencieusement sa femmeet son fils.
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Re: Partie I - Dialogues
Vita d'Aristote : Dialogues II : La révélation
Chapitre deuxième. Un jour le jeune Aristote, agé seulement de cinq ans, voulu s'asseoirprès du temple du faux dieu Apollon dans sa ville de Stagire. Le templeétait sur une petite colline à l'extrémité est de la ville. L'enfantaimait regarder les hautes colonnes de pierre blanche se découpant dansl'azur du ciel. Alors qu'il s'approchait des marches du temple il s'arrêta, commeimmobilisé par une force invisible. Ne comprenant pas ce qui cepassait, il se retourna vers la ville pour appeller sa mère Phaetis,qui était à quelque distance de là. Mais ses lèvres ne produisirentaucun son. La terreur commencait à inonder son âme, quand un roulement de tonnerregronda au dessus du temple du faux dieu. Un éclair vint le frapper enson centre et il s'écroula aux pieds de l'enfant. Puis une voix puissante qui faisait frémir les cieux retentie dansl'esprit d'Aristote; elle disait: "Voilà ce que ma puissance réserveaux idolesqui se font honorer comme des dieux. Cherche le Dieu unique, cherche laVérité et la Beauté, car un jour viendra celui qui restaurera tout". Bouleversé l'enfant tomba inanimé sur le sol. Lorsque ses yeux serouvrirent il était dans la maison de son père, et sa mère étaittendrement penchée sur lui: " Mon fils, que t'est'il arrivé? Noust'avons trouvé près du temple écroulé, le visage tourné vers le ciel.Est-ce le dieu qui t'es apparut? Qui a détruit le temple? " Mais l'enfant ne répondit rien. Il restait en silence et regardait samère avec les yeux de quelqu'un qui voit pour la première fois. Enfin il pris la parole: " Mère chérie, je vous en prie, dites moi: qu'est ce que la Vérité? " La pauvre femme était bonne, mais hélas son âme était encore pleine deserreurs paiennes, et elle ne sut répondre à cette question. Elle sepencha sur le front de son fils, l'embrassa et lui ferma les yeux avecdouceur. "Je t'aime mon fils, n'est ce pas la seule chose importante? Dorsmaintenant; demain ton père revient de guerre et il faut que tu soisreposé pour le recevoir dignement." Et se levant elle quitta la pièce, l'esprit rempli d'angoisse.
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Re: Partie I - Dialogues
Chapitre troisième: dialogue sur l'âme. Première partie:Depuis quelques mois déja Aristote et sa famille habitaient à Pélas, la ville capitale de la Macédoine. Nicomaque, son père, venait en effet d'être nommé médecin personnel du roi de Macédoine, Amyntas II. Aristote grandissait en sagesse sous la direction éclairé de son precepteur. Un jour, alors qu'Aristote revenait de la palestre, il s'assit sur une fontaine de la cour intérieur de la maison paternelle, et demanda à son precepteur:Aristote: "Maitre, par quelle merveille l'homme peut-il penser, alors que les animaux ne le peuvent point?".Son precepteur, Epimanos, lui répondit:Epimanos: "Qui peut prétendre lire le livre de la nature et en tirer les secrets des dieux? Aristote je te le dis: nous ne savons pas si les animaux ne pensent pas. l'homme pense, cela est certain. Mais les animaux? Sommes nous dans leur esprit?".Aristote: "N'êtes vous pas d'accord noble maitre, que l'homme est sans cesse en quête de nouveauté?".Epimanos: "Oui, certes, il est rare de voir l'homme tenir en place, et se contenter de ce qu'il possède et de ce qu'il sait. "Aristote: "Hélas oui, c'est bien rare, et souvent je me dis qu'il vaudrait mieux pour l'homme d'être heureux dans la vie simple des anciens. Toujours est il que cette recherche incessante se retrouve sans cesse chez l'homme. Mais dis moi Noble Epimanos, cette quête de l'homme, n'est elle pas la preuve la plus évidente de son esprit et de son intelligence? "Epimanos: "Je vois ce que tu veux dire: si l'homme ne cherchait pas sans cesse, alors cela voudrait dire qu'il se contente de ce qu'il a reçu, qu'il n'innove pas, qu'il ne pense pas même. En fait seul cette curiosité de l'homme nous garantie l'existence de son esprit."Aristote: "Effectivement, c'est ce que je voulais dire. Je vois bien que je n'ai rien a t'apprendre. Mais continuons un peu. Tu possèdes un beau chien je crois? Un lévrier?"Epimanos: " Oui, un cadeau de notre roi pour mon comportement à ses cotés lors de la dernière guerre contre les envahisseurs celtes. J'y suis très attaché."Aristote: "Je te comprend. Quand tu élèves ton chien, comment fait tu?"Epimanos: "C'est bien simple: je lui impose de faire quelque chose, et quand il le fait correctement je lui offre une récompense. Et s'il le fait mal je le puni légèrement."Aristote: "Parfait! Une fois dressé, il fera toujours bien ce que tu lui as appris à faire n'est ce pas? Il a compris que s'il ne fait pas ce que tu lui demande il ne sera pas récompensé."Epimanos: " En effet. Mais je ne vois pas où tu veux en venir. "Aristote: " A ceci mon maitre: ce chien si noble et si bien dressé ne fait ce qu'il fait qu'en vertu de ce que tu lui as appris. Il ne le fait pas de sa propre initiative et une fois dressé il n'est plus en mesure de changer. N'êtes vous pas d'accord?"Epimanos: " Il est vrai que pour le faire changer il faudrait le dresser à nouveau, et le punir alors qu'on le récompensais jadis. Et le pauvre deviendrai fou. Ce serait scandaleux."Aristote: " Oui. Mais n'avons nous pas dit tout à l'heure que c'était la curiosité de l'homme et sa capacité à inventer de nouvelles choses qui montraient que l'homme avait un esprit?"Epimanos: " Nous avons dit cela en effet. Et si je te suis, cela veut dire que les animaux, comme mon chien, qui ne peuvent pas changer de comportement par eux mêmes, n'ont pas le même esprit que l'homme. "Aristote: " Exactement! Il est donc établi qu'il y a une différence entre l'homme et les animaux. Mais laquelle? Le sais-tu? "Epimanos: " Non, je l'ignore. Veux-tu que nous cherchions ensemble une réponse à cela? "Aristote: " Avec joie! Mais pas tout de suite, car je vois mon père revenir de la cour du Roi, et j'ai hâte d'entendre les nouvelles du palais. Portes toi bien! "Epimanos: " Et toi aussi brillant disciple! "
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Chapitre quatrième: dialogue sur l'âme. Deuxième partie.Le soir tombait sur le ville de Pélas. On entendait que les murmuresdes femmes qui, près des temples paiens, invoquaient les faux dieuxpour la santé du roi. Ce dernier en effet, était mourant. Nicomaque, lepère d'Aristote, était à son chevet pour tenter de retarder, etd'alléger le poid de l'échéance fatale. Aristote, agé maintenant de 14 ans, marchait au hasard dans les rues dela ville, sans voir ni entendre ce qui se passait autour de lui.Qu'adviendrait il de son père si le roi venait à mourir? Bien sur, ilne saurait être tenu pour responsable, mais qui sait ce que descourtisans mal intentionnés pouvaient imaginer, et quelles vengeancespouvaient s'exercer dans ces moments d'interrêgne? Il s'arrêtta près du temple de Proserpine. Il ne croyait certes pas àla puissance de ces dieux, qui ne lui semblait que des pantins morts,mais il y avait comme une majesté secrête dans cette évocation de ladéesse des morts en un instant pareil. Il sentit une main se poser sur son épaule. C'était Epimanos. Epimanos: Tu prie pour le Roi Aristote? Aristote: Prier? Qui devrais-je prier? Et que dois-je demander?Epimanos: Que veut tu demander? Qu'il vive bien sur! Et si tu ne croispas en cette déesse tu crois bien en une force supérieure qui régienotre vie?Aristote: Qu'il vive? Il va mourrir, tu le sais aussi bien que moi.Nos prières ne peuvent pas lui rendre la jeunesse ni la santé. Il avécu longtemps, et il est temps pour lui de partir. Non, si je prierai,ce n'est pas pour qu'il vive. Epimanos: Pour quoi donc alors? Aristote: Qu'y a t'il après la vie Epimanos? Cette âme unique quel'homme possède et qui nous différencie des animaux, survie t'elle àcette vie? Epimanos: Je ne sais Aristote. Ma science porte sur la vie et non surla mort. Je peux te dire comment bien vivre, comment être heureux etconnaitre les êtres au quotidien, mais pas ce qu'il y a après la mort.Aristote: Tu peux me dire comment bien vivre? Voyons cela. N'est tupas d'accord que pour faire un acte intelligent il faut en prévoir lesconséquences?Epimanos: Si bien sur, cela évite de faire des erreurs, de mal agir ou de mal juger des situations. C'est important de prévoir.Aristote: Oui, c'est ce que tu m'as appris depuis mon plus jeuneâge. Mais si tu le veux bien prenons un exemple: imaginons que tuveuilles te marier. Tu es d'accord que c'est un engagement définitif,et qu'il te faudra choisir avec soin?Epimanos: Certes! Nos lois ne prévoient pas le divorce, et je croisbien que celui qui veut se marier règlera tout ses actes pour que cemariage soit heureux, sinon ce serai une véritable folie! Aristote: Tu penses tout comme moi que ce mariage se prépare avant mêmeque l'on prenne l'engagement solennel: on cherche à corriger sesdéfauts, a se rendre aimable et bon, afin qu'au jour du mariage tout cepasse pour le mieux.Epimanos: Si tous suivaient ces conseils il y aurait plus demariages heureux, mais je pense en tout cas que c'est ce qu'il faudraitfaire.Aristote: Je suis content que nous soyons d'accord. Donc pour bien vivre il faut savoir ce qu'il y a après la mort.Epimanos: Ah!? Là je ne te suis plus. Que veux tu dire?Aristote: C'est bien simple: tout comme le mariage la mort est unévènement définitif. Il faut s'y préparer donc soigneusement. Si il y aune vie après la mort, alors la vie que nous menons avant la mort doitêtre consacré à préparer cette vie après la mort. Tout comme notre vieavant le mariage doit être consacrée à préparer notre vie après lemariage. Epimanos: Je vois où tu veux en venir. Pour toi la mort n'est qu'un passage qui mène à une autre vie? Aristote: Oui, et notre vie présente doit se consacrer à préparer cette ve future. Epimanos: Mais pourquoi cette vie future serait elle plus importanteque la présente? Et comment peut-tu être sur de son existence?Aristote: Tu te souviens de notre discussion sur la différence entre les animaux et les hommes?Epimanos: Oui, je m'en souviens très bien. Tu disais qu'il y avaitune différence entre les deux, que l'homme était intelligent quand labête ne cherchait rien de nouveau.Aristote: Oui. Mais comment l'homme fait il pour chercher du nouveau, pour creer même en lui et autour de lui ce nouveau?Epimanos: Et bien si je pars de ma propre expérience, je dirais quej'ai des idées qui me viennent, et qui ne semblent venir de personned'autre que de moi même, et que je réflechie sur ces idées. Aristote: J'en suis arrivé à la même conclusion. Ce qui m'a frappéc'est que cela ne venait pas de ce qui m'entoure, mais de moi même, demon intérieur. Cela semblait...Epimanos: Immatériel non? Aristote: Oui, immatériel. Ce n'était pas la conséquence d'uneimpression sensible mais d'une impression immatérielle, spirituelle. Epimanos: Je comprend. Mais quelles conclusions en tirer? Il est évident que ces impressions viennent de notre âme.Aristote: Oui, mais cela veut dire que notre âme est immatérielle, carl'immatériel ne peux pas venir du matériel. Personne ne peut donner cequ'il n'a pas. N'est tu pas d'accord?Epimanos: Oui, dit comme cela c'est compréhensible. Mais où veux tu en venir? Aristote: Mon père est médecin Epimanos, et il m'a souvent décritla mort: la matière se putréfie, se désintègre sous l'effet du temps.Et regarde autour de toi: la mort est toujours marquée par ladestruction de la matière. Epimanos: Oui, tout passe en ce monde, et ce que les anciens on construit est déja presque disparu.Aristote: Mais si tu prends quelque chose qui n'est pas composé de matière, cela disparaitra t'il?Epimanos: Il ne me semble pas: si ce n'est pas composé de matière alorscela ne peut pas se désintégrer. Cela ne mourra pas. Ainsi la penséed'un homme comme Pythagore sera éternelle et vivra encore dans plus demille ans. Aristote: Donc tu penses que ce qui est immatériel ne meurt pas?Epimanos: Avec tout ce que nous avons dit jusqu'ici, je crois que c'est une chose établie.Aristote: Alors notre âme, qui est immatérielle, doit elle aussi, nepas mourir. Quand nous mourons notre corps disparait, mais notre âme,elle demeure. Et c'est cette vie de l'âme qui est la vie future. C'estcette vie que notre vie présente, dans notre corps, doit préparer. Epimanos: Le roi qui meurt va donc vivre encore?Aristote: Oui, et c'est pour que cette vie de son âme soit heureuse que je vais prier ce soir. Epimanos: Nous prierons ensemble alors.Et sur ces mots les deux amis se séparèrent, Epimanos rentra dans letemple de Proserpine, pendant qu'Aristote se dirigea vers la sortie dela ville pour marcher dans la campagne.
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Chapitre quatrième: dialogue sur l'âme. Deuxième partie.Le soir tombait sur le ville de Pélas. On entendait que les murmuresdes femmes qui, près des temples paiens, invoquaient les faux dieuxpour la santé du roi. Ce dernier en effet, était mourant. Nicomaque, lepère d'Aristote, était à son chevet pour tenter de retarder, etd'alléger le poid de l'échéance fatale. Aristote, agé maintenant de 14 ans, marchait au hasard dans les rues dela ville, sans voir ni entendre ce qui se passait autour de lui.Qu'adviendrait il de son père si le roi venait à mourir? Bien sur, ilne saurait être tenu pour responsable, mais qui sait ce que descourtisans mal intentionnés pouvaient imaginer, et quelles vengeancespouvaient s'exercer dans ces moments d'interrêgne? Il s'arrêtta près du temple de Proserpine. Il ne croyait certes pas àla puissance de ces dieux, qui ne lui semblait que des pantins morts,mais il y avait comme une majesté secrête dans cette évocation de ladéesse des morts en un instant pareil. Il sentit une main se poser sur son épaule. C'était Epimanos. Epimanos: Tu prie pour le Roi Aristote? Aristote: Prier? Qui devrais-je prier? Et que dois-je demander?Epimanos: Que veut tu demander? Qu'il vive bien sur! Et si tu ne croispas en cette déesse tu crois bien en une force supérieure qui régienotre vie?Aristote: Qu'il vive? Il va mourrir, tu le sais aussi bien que moi.Nos prières ne peuvent pas lui rendre la jeunesse ni la santé. Il avécu longtemps, et il est temps pour lui de partir. Non, si je prierai,ce n'est pas pour qu'il vive. Epimanos: Pour quoi donc alors? Aristote: Qu'y a t'il après la vie Epimanos? Cette âme unique quel'homme possède et qui nous différencie des animaux, survie t'elle àcette vie? Epimanos: Je ne sais Aristote. Ma science porte sur la vie et non surla mort. Je peux te dire comment bien vivre, comment être heureux etconnaitre les êtres au quotidien, mais pas ce qu'il y a après la mort.Aristote: Tu peux me dire comment bien vivre? Voyons cela. N'est tupas d'accord que pour faire un acte intelligent il faut en prévoir lesconséquences?Epimanos: Si bien sur, cela évite de faire des erreurs, de mal agir ou de mal juger des situations. C'est important de prévoir.Aristote: Oui, c'est ce que tu m'as appris depuis mon plus jeuneâge. Mais si tu le veux bien prenons un exemple: imaginons que tuveuilles te marier. Tu es d'accord que c'est un engagement définitif,et qu'il te faudra choisir avec soin?Epimanos: Certes! Nos lois ne prévoient pas le divorce, et je croisbien que celui qui veut se marier règlera tout ses actes pour que cemariage soit heureux, sinon ce serai une véritable folie! Aristote: Tu penses tout comme moi que ce mariage se prépare avant mêmeque l'on prenne l'engagement solennel: on cherche à corriger sesdéfauts, a se rendre aimable et bon, afin qu'au jour du mariage tout cepasse pour le mieux.Epimanos: Si tous suivaient ces conseils il y aurait plus demariages heureux, mais je pense en tout cas que c'est ce qu'il faudraitfaire.Aristote: Je suis content que nous soyons d'accord. Donc pour bien vivre il faut savoir ce qu'il y a après la mort.Epimanos: Ah!? Là je ne te suis plus. Que veux tu dire?Aristote: C'est bien simple: tout comme le mariage la mort est unévènement définitif. Il faut s'y préparer donc soigneusement. Si il y aune vie après la mort, alors la vie que nous menons avant la mort doitêtre consacré à préparer cette vie après la mort. Tout comme notre vieavant le mariage doit être consacrée à préparer notre vie après lemariage. Epimanos: Je vois où tu veux en venir. Pour toi la mort n'est qu'un passage qui mène à une autre vie? Aristote: Oui, et notre vie présente doit se consacrer à préparer cette ve future. Epimanos: Mais pourquoi cette vie future serait elle plus importanteque la présente? Et comment peut-tu être sur de son existence?Aristote: Tu te souviens de notre discussion sur la différence entre les animaux et les hommes?Epimanos: Oui, je m'en souviens très bien. Tu disais qu'il y avaitune différence entre les deux, que l'homme était intelligent quand labête ne cherchait rien de nouveau.Aristote: Oui. Mais comment l'homme fait il pour chercher du nouveau, pour creer même en lui et autour de lui ce nouveau?Epimanos: Et bien si je pars de ma propre expérience, je dirais quej'ai des idées qui me viennent, et qui ne semblent venir de personned'autre que de moi même, et que je réflechie sur ces idées. Aristote: J'en suis arrivé à la même conclusion. Ce qui m'a frappéc'est que cela ne venait pas de ce qui m'entoure, mais de moi même, demon intérieur. Cela semblait...Epimanos: Immatériel non? Aristote: Oui, immatériel. Ce n'était pas la conséquence d'uneimpression sensible mais d'une impression immatérielle, spirituelle. Epimanos: Je comprend. Mais quelles conclusions en tirer? Il est évident que ces impressions viennent de notre âme.Aristote: Oui, mais cela veut dire que notre âme est immatérielle, carl'immatériel ne peux pas venir du matériel. Personne ne peut donner cequ'il n'a pas. N'est tu pas d'accord?Epimanos: Oui, dit comme cela c'est compréhensible. Mais où veux tu en venir? Aristote: Mon père est médecin Epimanos, et il m'a souvent décritla mort: la matière se putréfie, se désintègre sous l'effet du temps.Et regarde autour de toi: la mort est toujours marquée par ladestruction de la matière. Epimanos: Oui, tout passe en ce monde, et ce que les anciens on construit est déja presque disparu.Aristote: Mais si tu prends quelque chose qui n'est pas composé de matière, cela disparaitra t'il?Epimanos: Il ne me semble pas: si ce n'est pas composé de matière alorscela ne peut pas se désintégrer. Cela ne mourra pas. Ainsi la penséed'un homme comme Pythagore sera éternelle et vivra encore dans plus demille ans. Aristote: Donc tu penses que ce qui est immatériel ne meurt pas?Epimanos: Avec tout ce que nous avons dit jusqu'ici, je crois que c'est une chose établie.Aristote: Alors notre âme, qui est immatérielle, doit elle aussi, nepas mourir. Quand nous mourons notre corps disparait, mais notre âme,elle demeure. Et c'est cette vie de l'âme qui est la vie future. C'estcette vie que notre vie présente, dans notre corps, doit préparer. Epimanos: Le roi qui meurt va donc vivre encore?Aristote: Oui, et c'est pour que cette vie de son âme soit heureuse que je vais prier ce soir. Epimanos: Nous prierons ensemble alors.Et sur ces mots les deux amis se séparèrent, Epimanos rentra dans letemple de Proserpine, pendant qu'Aristote se dirigea vers la sortie dela ville pour marcher dans la campagne.
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Vita d'Aristote : Dialogues VI : Le maître
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Aristote, après des jours d’un voyage épuisant, fit enfin son entrée dans la cité athénienne. Ce qu’il y vit le laissa pantois. La ville étaitmerveilleuse, et l’architecture d’une pureté superbe. Les colonnades sedéployaient dans une harmonie qui ravissait l’esprit. A chaque coind’allée, des marchés grouillant attestaient de la formidable activitécommerciale qui régnait en ces lieux. Les jardins étaient multitudes,et l’on pouvait y voir de petits groupes de philosophes, qui secomplaisaient aux sophismes entre les plantes luxuriantes, lesfontaines au charme ineffable, et les roches millénaires. Un templemagnifique, perché sur un plateau, dominait la cité.Aristote était fort impressionné, mais finit par trouverl’académie, où l’illustre Platon enseignait. La magnificence du lieu leconsternait, et tel un halluciné il errait dans les immenses couloirsde marbre de la bâtisse. Ses pas le conduisirent vers une lourde porte,sur laquelle on pouvait lire l’indication « scolarité second cycle ».Aristote n’avait jamais rien vu de pareil, et se demandait ce quepouvait signifier cette mystérieuse formulation, mais il se décida àentrer, pour y demander son chemin. L’accueil fut fort désagréable. Devieilles femmes antipathiques lâchèrent à Aristote, du bout des lèvres,que « le professeur Platon devait donner un cour en troisième année, àdroite au fond du couloir, puis à gauche, puis deux fois à droite, puisà gauche, puis tout droit, puis en haut de l’escalier B ». Enfin l’uned’entre elles fit comprendre à Aristote, d’un regard sombre, qu’ilfallait qu’il quitte les lieux aussitôt.Après moult pérégrinations, et mines méprisantes des disciplesauxquels il demandait son chemin, Aristote parvint enfin dans un grandamphithéâtre, où il fit une intrusion remarquée du professeur.Platon : "Quel est ton nom, jeune homme ?"Aristote : "Aristote."Platon : "Fort bien. Aristote, sache que je n’accepte personne dans mon cour que je n’ai d’abord testé."Aristote : "Je suis prêt."Platon : "Bien. Aristote, si je t’admets en mon enseignement, jet’apprendrai les rudiments de la logique, et davantage si tonintelligence le permet. Mais d’abord, tu dois savoir te détacher de ceque tu considères comme certain. Un bon philosophe ne fait confiancequ’à sa propre raison, et doit être capable de démonter lesraisonnements pervers des sophistes pour avoir une connaissanceparfaite des choses de ce monde. Ecoute bien ceci : il faut direqu’aucun chat n’a huit queues, mais cependant, un chat a une queue deplus que nul chat. Donc, un chat doit avoir neuf queues."Aristote écoutait avec attention.Platon : "Alors, peux-tu me démontrer l'absurdité de ce sophisme ?"Aristote réfléchit un instant puis énonça la chose suivante...Aristote : "Et bien continuons le raisonnement. Un chat doit doncavoir neuf queues, donc un chat a neuf queues de plus que nul chat. Etcomme aucun chat n'a huit queues, un chat doit en avoir dix-sept..."Platon : "Bien vu"Aristote : "Si on fait tourner le raisonnement en boucle, il envient à se contredire. L'énoncé qui vient en conclusion ne peut doncqu'être faux."Platon : "C’est remarquable, jeune homme. Je vois qu’il n’est pasnécessaire de t’enseigner l’art du syllogisme, il est inné chez toi."Et Aristote fut heureux d’avoir satisfait son nouveau professeur.
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Vita d'Aristote : Dialogues VII : La rupture
Aristote suivait l’enseignement de Platon avec avidité. Ce que le maître disait,l’élève l’intégrait comme inaltérable vérité. Les grandes capacitésd’Aristote en avaient fait le disciple préféré de Platon, et lorsque lemaître énonçait un principe, l’élève trouvait toujours le moyen d’enassurer l’exactitude, par quelques réflexions ou exemples bien trouvés.Mais un beau jour, le maître et l’élève eurent leur première dissension, alors que Platon affirmait la chose suivante.Platon : "Ainsi, les idées sont une création abstraite de notre intellect. Elles ont une existence qui leur est propre."Aristote : "Vous voulez dire, maître, qu’il n’existe pas autant de choses que d’idées ?"Platon : "Oui, c’est ce que je veux dire, brillant disciple."Aristote : "Mais par là même, vous prétendez qu’il existe des choses sans qu’une idée y soit associée, et inversement."Platon : "En effet, l’idée est le produit de la conscience, et lachose celle du réel. C’est deux objets qu’il convient de distinguer."Aristote : "Voilà bien une proposition étrange, cher maître, de dissocier ainsi ce qui est indubitablement lié."Platon : "Que veux-tu dire ?"Aristote : "Et bien qu’une idée ne peut exister sans la chose à laquelle elle se réfère."Platon : "Mais que fais-tu de l’abstraction, Aristote ?"Aristote : "L’abstraction est une illusion, cher maître. L’idée nevient à l’esprit que tant qu’il existe la chose. Nous sommes partiesd’un tout, et si un élément devient intelligible, c’est bien parcequ’il existe."Platon : "Mais par telle affirmation, tu nies le pouvoir créateur de l’esprit."Aristote : "L’esprit ne fait qu’observer et constater. Les idées nesont que la faculté de l’homme à voir ce qui l’entoure. Elles ne fontque rendre intelligible l’essence des choses. Et par extension, leschoses qui sont intelligibles à l’homme ne sont qu’une copie des idéesqu’il s’en fait. Rien n’existe en dehors de l’intelligibilité."Dès lors, la rupture fut consomméeentre le maître et le disciple. Aristote, entretenant toutefois unrespect à l’égard de Platon qu’il conserva intact jusqu’à son trépas,prit la décision de s’affranchir de son professeur, et quitta Athènes.
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Re: Partie I - Dialogues
Vita d'Aristote : Dialogues VIII : L'unité de Dieu
Aristote, qui se sentait en age de maturité philosophique, et émancipé de la tutellede son maître, décida qu’il était temps pour lui de fonder sa propreécole. Il savait qu’Hermias, son ami de longue date et seigneurd’Atharnée, avait réuni un petit cénacle d’anciens élèves de l’académied’Athènes à Axos, sur la côte de la Troade. Aristote décida donc dediriger cet enseignement, et fonda ainsi sa première école.L’académie d’Aristote avait grand succès. Des élèves de toute laGrèce affluaient pour recevoir les lumières du maître. Par un beau jourde printemps, un disciple prometteur vint trouver Aristote.Le disciple : "Maître, j’ai bien pensé, jusqu’à n’en point dormir, etil est toujours une question qui taraude mon esprit juvénile."Aristote : "Je t’écoute. Dis moi ce qui te tracasse."Le disciple : "Et bien maître, vous nous enseignez que l’universest dynamique, vous nous enseignez que si l’essence est statique, laforme, elle, est mouvante comme une onde sur la surface de l’eau."Aristote : "Oui, c’est vrai."Le disciple : "Mais maître, selon ce principe, à tout actecorrespond une puissance, comme vous le dites vous même, et ainsi donc,à tout effet correspond une cause."Aristote : "Certes."Le disciple : "Alors, maître, si je remonte dans l’ordre des effetset des causes, je ne devrais aboutir qu’à une seule cause pour tous leseffets. Or, sauf votre respect, il est notoire que les dieux sontplusieurs. Ainsi, selon votre théorème, le monde ne devrait être quechaos, car dès l’origine, les causes sont multiples et ne se concertentpas en volonté. A moins de postuler que tous les dieux ne sont leseffets que d’un seul, puissant par-dessus tout. Pouvez-vous m’éclairer?"Aristote : "Mais, cher disciple, la solution se trouve dansl’énoncé du problème. Raisonne un peu, mon ami. Tiens t-en auxprincipes de la dialectique et du syllogisme. Il y a, dans ton exposé,un élément exogène, et parasitaire, à savoir ce que tu qualifies desavoir public. Je te l’ai déjà dit, nous sommes des philosophes, etl’on ne peut atteindre la vérité que par l’action de notre esprit quiqualifie la substance, non en prenant quelques postulats pour argentcomptant."Le disciple : "Que voulez-vous dire, maître ?"Aristote : "Je veux dire que si tu remontes l’ordre des causes etdes effets, tu trouveras la cause finale, l’intelligibilité pure, commetu l’as dit. Ainsi, s’il est notoire que les dieux sont plusieurs, çan’en est pas moins faux, car telle affirmation ne résiste pas àl’examen logique de la proposition."Le disciple : "Euh, pouvez vous être plus clair, maître ?"Aristote : "Certes, je le peux, par ce syllogisme enfantin : unecause finale est une intelligence pure, une divinité. Si on remontel’ordre des causes et des effets, on ne trouve qu’une seule causefinale. Donc Dieu est unique."Le disciple : "Ah bah ça alors !"Aristote : "Je ne te le fais pas dire, cher disciple. De Dieu iln’y en a qu’un, ce moteur immobile du monde, cette volonté parfaite quiest la source de toute substance, de tout mouvement. Dieu est lafinalité cosmique de l’univers."Et le disciple de s’en retourner à ses pénates, satisfait de la réponse de son maître…
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Vita d'Aristote : Dialogues IX : La nature des astres
Par un jour sans nuage, Aristoteavait convié ses disciples à admirer la voûte céleste. Touss’émerveillaient de la beauté des astres, brillant comme des flambeauxsur un ciel d’encre. Le maître montrait à ses élèves comme les étoilesont un mouvement caractéristique. Mais certains commençaient à avoirfroid et voulaient rentrer se coucher.Sargas : "Maître, ne serait-il pas plus profitable pour nous de discuter et d'étudier plutôt que de paresser ainsi dehors ?"Aristote : "Ainsi donc, tu penses que nous paressons. Ne crois-tu pasque les sphères célestes soient les choses les plus parfaites quiexistent ?"Sargas : "Je ne sais pas."Aristote : "De quelle manière se déplacent les astres, dis-moi ?"Sargas : "Maître, ils se déplacent en cercles, fixés qu'ils sont sur des sphères cristallines et transparentes."Aristote : "Bien. Et la Terre, quelle est sa forme ?"Sargas : "L'observation des étoiles lors d'un voyages ou d'un bateau à l'horizon nous montrent qu'elle est ronde."Aristote : "Ainsi donc tu écoutes fidèlement mes leçons. La Terreest sphérique, et le ciel se compose de sphères supportant les astres.Le cercle et le mouvement circulaire sont partout. Or quel mouvementest plus parfait que le mouvement circulaire ?"Sargas : "Aucun maître, car il se suffit à lui-même et traduit lacontinuité. Le mouvement circulaire est le mouvement parfait parexcellence."Aristote : "Or un mouvement parfait ne peut être produit que parune puissance parfaite. Et la seule puissance parfaite, c'est Dieu !Chers disciples, l'observation des cieux nous permet de comprendrecomme sont bien agencées les sphères célestes. Et cette perfectionporte la marque de Dieu."Sargas : "Vous avez raison, maître, merci pour cette leçon."Aristote : "Ne me remercie pas, remercie les astres ! Tiens, prend ces pièces et va nous cherchez un peu de vin chez Oinos"Sargas : "J'y cours, maître"Sargas revint avec du vin pour tous les disciples. Et ils restèrent encore un moment à contempler les étoiles.
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Re: Partie I - Dialogues
Vita d'Aristote: Dialogue X: La Morale
Par un rude jour d’hiver, un disciple, qui avait atteint le terme de son enseignement, vint trouver Aristote, avant de quitter le lycée.
Le disciple : "Cher maître, maintenant que je vais être livré à moi-même, il y a une chose que j’aimerais savoir."
Aristote : "Je t’écoute, brillant disciple."
Le disciple : "Vous m’avez remarquablement formé à l’art de la logique et à la science métaphysique, mais vous ne m’avez rien dit quant à la morale."
Aristote : "Tu dis vrai, mon ami. C’est en effet une lacune de mon enseignement. Que veux-tu savoir au juste ?"
Le disciple : "Il est important pour un homme, je le crois, de savoir identifier le bien du mal, afin de se conformer aux règles qui conduisent au premier, et qui permettent d’éviter le second."
Aristote : "Certes."
Le disciple : "Ce qui m’amène à cette question simple, maître, qu’est-ce que le bien ?"
Aristote : "C’est un problème tout à la fois vaste et d’une simplicité limpide comme le cristal. Le bien, dans son principe, c’est la perfection de la nature de l’objet, de sa substance."
Le disciple : "Mais pourquoi donc, cher maître ?"
Aristote : "Parce que le bien ultime réside dans le divin, sans nul doute. Et pour identifier le bien, il suffit donc de s’attacher à l’analyse de l’essence du divin. La substance du tout puissant étant intelligibilité pure et parfaite, le bien ne peut être que perfection de la substance, et donc de la nature d’une chose. Comprends-tu ?"
Le disciple : "Oui, cher maître, je comprends."
Aristote : "Je t’ai enseigné, cher disciple, que la nature d’une chose réside dans sa destination, puisque le mouvement révèle la substance de l’objet. Tu sais donc quelle est la nature de l’homme n’est-ce pas ?"
Le disciple : "Certes, maître, la nature de l’homme est de vivre en collectivité, et cette collectivité prend le nom de cité."
Aristote : "Tout à fait. Le bien de l’homme, c’est à dire ce qui tend à réaliser la perfection de sa propre nature, est donc une vie vouée à assurer les conditions de l’harmonie au sein de la cité. Or, le bien de la cité, est tout ce qui participe à son équilibre, puisque la nature de la collectivité est de se perpétuer. Ainsi donc, tu peux le constater, le bien de l’homme conduit au bien de la cité."
Le disciple : "C’est remarquable !"
Aristote : "En effet, ça l’est. Vois-tu, l’homme ne fait le bien qu’en s’intégrant pleinement à la cité, en participant à la politéïa, et en faisant tout son possible pour en maintenir l’harmonie."
Le disciple : "Alors, cher maître, l’homme de bien est donc le citoyen ?"
Aristote : "Je n’ai pas dit cela, cher disciple. Un esclave peut être un homme de bien, s’il a conscience de sa propre nature d’homme, et qu’il sait se satisfaire de sa condition, car ainsi il œuvre au maintien de l’équilibre de la cité. La politéïa n’est pas que la participation aux assemblées."
Le disciple : "Et bien, cher maître, voilà des réponses qui me satisfont."
Aristote : "J’en suis heureux, mon ami."
Et sur ce, Aristote ne revit jamais son disciple qui, selon la légende, vécut une existence exemplaire, inspirée par les principes de la vertu.
Par un rude jour d’hiver, un disciple, qui avait atteint le terme de son enseignement, vint trouver Aristote, avant de quitter le lycée.
Le disciple : "Cher maître, maintenant que je vais être livré à moi-même, il y a une chose que j’aimerais savoir."
Aristote : "Je t’écoute, brillant disciple."
Le disciple : "Vous m’avez remarquablement formé à l’art de la logique et à la science métaphysique, mais vous ne m’avez rien dit quant à la morale."
Aristote : "Tu dis vrai, mon ami. C’est en effet une lacune de mon enseignement. Que veux-tu savoir au juste ?"
Le disciple : "Il est important pour un homme, je le crois, de savoir identifier le bien du mal, afin de se conformer aux règles qui conduisent au premier, et qui permettent d’éviter le second."
Aristote : "Certes."
Le disciple : "Ce qui m’amène à cette question simple, maître, qu’est-ce que le bien ?"
Aristote : "C’est un problème tout à la fois vaste et d’une simplicité limpide comme le cristal. Le bien, dans son principe, c’est la perfection de la nature de l’objet, de sa substance."
Le disciple : "Mais pourquoi donc, cher maître ?"
Aristote : "Parce que le bien ultime réside dans le divin, sans nul doute. Et pour identifier le bien, il suffit donc de s’attacher à l’analyse de l’essence du divin. La substance du tout puissant étant intelligibilité pure et parfaite, le bien ne peut être que perfection de la substance, et donc de la nature d’une chose. Comprends-tu ?"
Le disciple : "Oui, cher maître, je comprends."
Aristote : "Je t’ai enseigné, cher disciple, que la nature d’une chose réside dans sa destination, puisque le mouvement révèle la substance de l’objet. Tu sais donc quelle est la nature de l’homme n’est-ce pas ?"
Le disciple : "Certes, maître, la nature de l’homme est de vivre en collectivité, et cette collectivité prend le nom de cité."
Aristote : "Tout à fait. Le bien de l’homme, c’est à dire ce qui tend à réaliser la perfection de sa propre nature, est donc une vie vouée à assurer les conditions de l’harmonie au sein de la cité. Or, le bien de la cité, est tout ce qui participe à son équilibre, puisque la nature de la collectivité est de se perpétuer. Ainsi donc, tu peux le constater, le bien de l’homme conduit au bien de la cité."
Le disciple : "C’est remarquable !"
Aristote : "En effet, ça l’est. Vois-tu, l’homme ne fait le bien qu’en s’intégrant pleinement à la cité, en participant à la politéïa, et en faisant tout son possible pour en maintenir l’harmonie."
Le disciple : "Alors, cher maître, l’homme de bien est donc le citoyen ?"
Aristote : "Je n’ai pas dit cela, cher disciple. Un esclave peut être un homme de bien, s’il a conscience de sa propre nature d’homme, et qu’il sait se satisfaire de sa condition, car ainsi il œuvre au maintien de l’équilibre de la cité. La politéïa n’est pas que la participation aux assemblées."
Le disciple : "Et bien, cher maître, voilà des réponses qui me satisfont."
Aristote : "J’en suis heureux, mon ami."
Et sur ce, Aristote ne revit jamais son disciple qui, selon la légende, vécut une existence exemplaire, inspirée par les principes de la vertu.
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Re: Partie I - Dialogues
Vita d'Aristote: Dialogue XI: le Songe
Un matin, Aristote avait une mine préoccupée. Son fidèle Sargas, qui fréquentait le lycée depuis des mois, vint à sa rencontre pour s’enquérir de son sort. Le maître lui fit cette réponse…
Aristote : "Cette nuit, mon cher disciple, j’ai fait un rêve."
Sargas : "Ah oui, maître ? Racontez-moi."
Aristote : "Certes oui. J’ai songé qu’en orient existait une cité merveilleuse."
Sargas : "Quel genre de cité ?"
Aristote : "Une cité idéale, parfaite, où tous vivaient en une fabuleuse harmonie. L’équilibre y était si solide que nul n’aurait pu le rompre, pas même la venue d’un étranger comme je l’étais dans mon imaginaire. J’y ai fait intrusion, y ait importé mes mœurs, que je dirais à présent corrompues, mais j’y ai été accueilli comme un frère."
Sargas : "Quels étaient ses principes, maîtres ?"
Aristote : "Cette cité est organisée selon le principe de trois cercles concentriques, ou trois classes de citoyens si tu préfères.
Je commencerai par te décrire ce qui constitue la plus basse de ces classes, à savoir celle des producteurs, la classe d’airain. Ils constituent la majorité, et vivent paisiblement de la culture de leurs champs et de l’élevage de leurs bêtes. Ils prennent ce qui est nécessaire à leur subsistance, et à celle de leurs familles, dans leur propre production, et donnent le reste aux classes supérieures. Si ces hommes constituent la base de la cité, leur sort est cependant enviable. Ils connaissent les joies de la tranquillité, d’une existence simple au service de la collectivité. Ils s’adonnent à l’activité physique qu’exige un travail régulier, et qui maintient leur corps en condition, meublent leur temps libre par la contemplation des choses de la nature, par l’éducation des enfants que ces gens là placent en très haute considération, et par la prière, adressant leurs louanges à Dieu qui leur a donné les plaisirs dont ils sont bénéficiaires.
La seconde classe de citoyens, la classe d’argent, est celle des gardiens, des soldats. Ceux là sont autorisés à l’oisiveté, et profitent, en temps de paix, d’une subsistance gratuite qui leur est fournie par les producteurs. Ils philosophent, admirent eux aussi les bienfaits de la nature, s’instruisent quel que soit leur age, s’entraînent au maniement des armes. En temps de guerre, ils se font les plus fervents défenseurs de la cité. Leur courage n’a pas d’égal, et ils donneraient leur vie, sans hésitation, pour la conservation de la communauté, ou pour défendre leur foy qu’ils placent en très haute estime. Et au retour des combats, ils sont accueillis comme des héros. On dépose sur leurs têtes des couronnes de lauriers, on les traite comme des princes, et de fabuleux festins sont tenus en leur honneur. Ils sont portés en triomphe par le peuple, et aimés par les femmes.
La troisième classe de citoyens est celle des philosophes rois, la classe d’or. Ceux là sont les plus anciens, recrutés parmi les gardiens qui se sont montrés les plus braves, les plus aptes au commandement, et les plus doués en matière de philosophie. Leur seul bien est la raison, car ils sont délivrés de leurs possessions terrestres. Leur foy en Dieu est leur seule arme. Ils s’illustrent par la pratique des vertus de la manière la plus parfaite. Ils sont un exemple pour tous, et le peuple est heureux de sacrifier un peu de sa propriété pour assurer la survie de ses maîtres. Les philosophes rois constituent le gouvernement de la cité. Ils décident collégialement de ses destinées. Ils sont également les ministres du culte rendu au Tout-Puissant, et là réside leur légitimité. On tient leur pouvoir comme inspiré par le Très-Haut, de part leur condition de prêtres. Ils organisent l’ensemble de la cité, planifient la production, rendent la justice, et légifèrent."
Sargas : "Par ma foi, voilà une formidable cité que vous me décrivez."
Aristote : "Certes, c’est vrai. Et j’ai la conviction intime qu’elle doit exister, quelque part."
Sargas : "Croyez-vous, maître ? N’est-ce pas là un simple songe ?"
Aristote : "Non, je crois plutôt qu’il s’agit d’une prémonition. Et je veux m’en assurer par moi même. J’ai fait mon temps ici, et de ta condition de disciple, tu vas passer maître. Le lycée t’appartient."
Sargas : "Comment, maître ? Mais j’ai encore beaucoup à apprendre."
Aristote : "De moi, non, mon cher ami."
Et le maître, toujours aussi grave, laissa Sargas décontenancé, pour s’intéresser aux préparatifs de son voyage en orient…
Un matin, Aristote avait une mine préoccupée. Son fidèle Sargas, qui fréquentait le lycée depuis des mois, vint à sa rencontre pour s’enquérir de son sort. Le maître lui fit cette réponse…
Aristote : "Cette nuit, mon cher disciple, j’ai fait un rêve."
Sargas : "Ah oui, maître ? Racontez-moi."
Aristote : "Certes oui. J’ai songé qu’en orient existait une cité merveilleuse."
Sargas : "Quel genre de cité ?"
Aristote : "Une cité idéale, parfaite, où tous vivaient en une fabuleuse harmonie. L’équilibre y était si solide que nul n’aurait pu le rompre, pas même la venue d’un étranger comme je l’étais dans mon imaginaire. J’y ai fait intrusion, y ait importé mes mœurs, que je dirais à présent corrompues, mais j’y ai été accueilli comme un frère."
Sargas : "Quels étaient ses principes, maîtres ?"
Aristote : "Cette cité est organisée selon le principe de trois cercles concentriques, ou trois classes de citoyens si tu préfères.
Je commencerai par te décrire ce qui constitue la plus basse de ces classes, à savoir celle des producteurs, la classe d’airain. Ils constituent la majorité, et vivent paisiblement de la culture de leurs champs et de l’élevage de leurs bêtes. Ils prennent ce qui est nécessaire à leur subsistance, et à celle de leurs familles, dans leur propre production, et donnent le reste aux classes supérieures. Si ces hommes constituent la base de la cité, leur sort est cependant enviable. Ils connaissent les joies de la tranquillité, d’une existence simple au service de la collectivité. Ils s’adonnent à l’activité physique qu’exige un travail régulier, et qui maintient leur corps en condition, meublent leur temps libre par la contemplation des choses de la nature, par l’éducation des enfants que ces gens là placent en très haute considération, et par la prière, adressant leurs louanges à Dieu qui leur a donné les plaisirs dont ils sont bénéficiaires.
La seconde classe de citoyens, la classe d’argent, est celle des gardiens, des soldats. Ceux là sont autorisés à l’oisiveté, et profitent, en temps de paix, d’une subsistance gratuite qui leur est fournie par les producteurs. Ils philosophent, admirent eux aussi les bienfaits de la nature, s’instruisent quel que soit leur age, s’entraînent au maniement des armes. En temps de guerre, ils se font les plus fervents défenseurs de la cité. Leur courage n’a pas d’égal, et ils donneraient leur vie, sans hésitation, pour la conservation de la communauté, ou pour défendre leur foy qu’ils placent en très haute estime. Et au retour des combats, ils sont accueillis comme des héros. On dépose sur leurs têtes des couronnes de lauriers, on les traite comme des princes, et de fabuleux festins sont tenus en leur honneur. Ils sont portés en triomphe par le peuple, et aimés par les femmes.
La troisième classe de citoyens est celle des philosophes rois, la classe d’or. Ceux là sont les plus anciens, recrutés parmi les gardiens qui se sont montrés les plus braves, les plus aptes au commandement, et les plus doués en matière de philosophie. Leur seul bien est la raison, car ils sont délivrés de leurs possessions terrestres. Leur foy en Dieu est leur seule arme. Ils s’illustrent par la pratique des vertus de la manière la plus parfaite. Ils sont un exemple pour tous, et le peuple est heureux de sacrifier un peu de sa propriété pour assurer la survie de ses maîtres. Les philosophes rois constituent le gouvernement de la cité. Ils décident collégialement de ses destinées. Ils sont également les ministres du culte rendu au Tout-Puissant, et là réside leur légitimité. On tient leur pouvoir comme inspiré par le Très-Haut, de part leur condition de prêtres. Ils organisent l’ensemble de la cité, planifient la production, rendent la justice, et légifèrent."
Sargas : "Par ma foi, voilà une formidable cité que vous me décrivez."
Aristote : "Certes, c’est vrai. Et j’ai la conviction intime qu’elle doit exister, quelque part."
Sargas : "Croyez-vous, maître ? N’est-ce pas là un simple songe ?"
Aristote : "Non, je crois plutôt qu’il s’agit d’une prémonition. Et je veux m’en assurer par moi même. J’ai fait mon temps ici, et de ta condition de disciple, tu vas passer maître. Le lycée t’appartient."
Sargas : "Comment, maître ? Mais j’ai encore beaucoup à apprendre."
Aristote : "De moi, non, mon cher ami."
Et le maître, toujours aussi grave, laissa Sargas décontenancé, pour s’intéresser aux préparatifs de son voyage en orient…
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Vita d'Aristote: Dialogue XII: l'Ermite
Aristote cheminait en Attique alors qu'il avait rendu visite à un lointain parent vivant à Thèbes. Il était seul, ayant laissé la responsabilité de son école à ses meilleurs élèves. Mais à une bifurcation, il se trompa de chemin et au lieu de redescendre vers la plaine et la ville, il s'engagea dans les collines. Au bout de deux heures de marches, il se rendit compte de son erreur et avisa une habitation isolée. Il décida d'y aller demander conseil sur la route à suivre.
Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il se rendit compte que ce qui de loin passait pour une maison n'était une mauvaise cabane adossée aux rochers, masquant grossièrement l'entrée d'une grotte.
Il frappa à la porte et héla, on vint lui ouvrir. L'homme, âgé, était à peine vêtu, et seulement de haillons. Il était maigre et hirsute.
Aristote : "Bonjour, vieil homme. Je me suis perdu et cherche le chemin de Mégare."
Ermite : "C'est si tu y vas, que tu seras perdu."
Aristote : "Je n'ai point souvenir que la ville ou les routes alentours soient à ce point peuplées de brigands."
Ermite : "Qui donc te parle de brigands. Elles sont peuplées d'humains. C'est déjà bien assez dangereux. "
Aristote comprit alors qu'il avait affaire à un ermite.
Aristote : "Dis-moi, es-tu heureux ?"
Ermite : "Si je suis heureux ? Et comment ! J'ai tout ce qu'il me faut : l'eau de la rivière, des oliviers, un petit jardin. Et comme je ne suis pas maladroit de mes mains, je fabrique ce dont j'ai besoin. Je n'ai besoin de rien, ni de personne. Je suis parfaitement heureux."
Aristote : "Un homme ne peut pas se contenter d'une telle vie. Ou alors il n'est pas pleinement."
Ermite : "Balivernes ! Je suis le meilleur des hommes."
Aristote : "Comment le saurais-tu, toi qui ne connais pas les autres ? Etre un humain, c'est vivre selon la vertu. Et la vertu est une pratique qu'on ne peut exprimer qu'avec les autres. Tu vis bien certes, mais tu ne pratiques aucune vertu puisqu'il n'y a personne avec qui tu puisses la pratiquer. Tu vis comme un ours, indépendant. Mais a-t-on vu un ours faire preuve de vertu ? Tu n'es pas un homme heureux puisque tu n'es même pas un humain. Un humain a des amis, où sont les tiens ?"
Ermite : "Mes amis sont la nature, mes oliviers, mes légumes."
Aristote : "Une véritable amitié se fait entre égaux. Tu es donc l'égal d'un olivier : planté et immobile. Tu survis en marge de la Cité au lieu d'y participer comme le fait tout véritable humain. Je vais donc te laisser prendre racine, adieu !"
Et Aristote reprit sa route, descendant vers Mégare.
Aristote cheminait en Attique alors qu'il avait rendu visite à un lointain parent vivant à Thèbes. Il était seul, ayant laissé la responsabilité de son école à ses meilleurs élèves. Mais à une bifurcation, il se trompa de chemin et au lieu de redescendre vers la plaine et la ville, il s'engagea dans les collines. Au bout de deux heures de marches, il se rendit compte de son erreur et avisa une habitation isolée. Il décida d'y aller demander conseil sur la route à suivre.
Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il se rendit compte que ce qui de loin passait pour une maison n'était une mauvaise cabane adossée aux rochers, masquant grossièrement l'entrée d'une grotte.
Il frappa à la porte et héla, on vint lui ouvrir. L'homme, âgé, était à peine vêtu, et seulement de haillons. Il était maigre et hirsute.
Aristote : "Bonjour, vieil homme. Je me suis perdu et cherche le chemin de Mégare."
Ermite : "C'est si tu y vas, que tu seras perdu."
Aristote : "Je n'ai point souvenir que la ville ou les routes alentours soient à ce point peuplées de brigands."
Ermite : "Qui donc te parle de brigands. Elles sont peuplées d'humains. C'est déjà bien assez dangereux. "
Aristote comprit alors qu'il avait affaire à un ermite.
Aristote : "Dis-moi, es-tu heureux ?"
Ermite : "Si je suis heureux ? Et comment ! J'ai tout ce qu'il me faut : l'eau de la rivière, des oliviers, un petit jardin. Et comme je ne suis pas maladroit de mes mains, je fabrique ce dont j'ai besoin. Je n'ai besoin de rien, ni de personne. Je suis parfaitement heureux."
Aristote : "Un homme ne peut pas se contenter d'une telle vie. Ou alors il n'est pas pleinement."
Ermite : "Balivernes ! Je suis le meilleur des hommes."
Aristote : "Comment le saurais-tu, toi qui ne connais pas les autres ? Etre un humain, c'est vivre selon la vertu. Et la vertu est une pratique qu'on ne peut exprimer qu'avec les autres. Tu vis bien certes, mais tu ne pratiques aucune vertu puisqu'il n'y a personne avec qui tu puisses la pratiquer. Tu vis comme un ours, indépendant. Mais a-t-on vu un ours faire preuve de vertu ? Tu n'es pas un homme heureux puisque tu n'es même pas un humain. Un humain a des amis, où sont les tiens ?"
Ermite : "Mes amis sont la nature, mes oliviers, mes légumes."
Aristote : "Une véritable amitié se fait entre égaux. Tu es donc l'égal d'un olivier : planté et immobile. Tu survis en marge de la Cité au lieu d'y participer comme le fait tout véritable humain. Je vais donc te laisser prendre racine, adieu !"
Et Aristote reprit sa route, descendant vers Mégare.
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Vita d'Aristote: Dialogue XIII: La réception chez Polyphilos
Aristote avait été invité à une réception chez un riche marchand athénien exerçant également les fonctions d'archonte. Il s'appelait Polyphilos. C'était un homme riche et puissant, passionné par la philosophie. Il venait souvent écouter Aristote, aussi souvent que ses charges et son statut le lui permettaient. Sa maison était pleine à craquer, et les tables regorgeaient de victuailles.
Aristote tenait une coupe de vin qu'il venait de remplir au cratère. Il prit une feuille de vigne farcie quand Polyphilos s'approcha de lui.
Polyphilos : Aristote, cher maître. Comment trouvez-vous cette réception ?
Aristote : Je vous avoue que je préfère les plus petits comités, on ne s'entend pas, ici. Mais votre maison est splendide et le banquet est digne des plus grands rois.
Polyphilos : Merci pour ces compliments. Mais rien n'est trop beau pour mes amis et j'aime à les avoir tous autour de moi.
Aristote : Tous ces gens ici, sont donc vos amis ?
Polyphilos : Bien entendu. Nul n'entre ici qui ne soit mon ami.
Aristote : Je vois pourtant des gens de toutes extractions sociales et occupant diverses fonctions pour la Cité.
Polyphilos : Et alors ? Je ne suis pas hautain. Je laisse ça au nouveaux riches.
Aristote : Certes, c'est tout à votre honneur. Mais il ne peut s'agir d'amitié véritable. Un vrai ami est un égal car l'amitié doit être parfaitement réciproque et équitable. Si elle ne l'est pas, ce n'est plus de l'amitié mais de l'intéressement. Un roi ne peut rien attendre d'un mendiant, ce dernier est incapable de l'aider en cas de besoin, or l'entraide est la base de l'amitié. Donc il n'y a pas d'amitié possible entre personnes par trop inégales.
Le jeune fils de Polyphilos s'était approché.
Eumónos : Je le répète sans cesse à mon père. Ces gens ne sont pas ses amis et il doit prendre ses distances.
Aristote : Ce serait tomber dans l'excès inverse, jeune homme. L'amitié est le plus grand bien de l'homme. Elle noue les liens des communautés. Et les communautés forment à leur tour la Cité. L'amitié permet les relations sociale et l'Humain peut alors prendre part dans les affaires de la Cité. Et comme la vertu cardinale de l'homme est la participation à la cité, l'amitié est une chose essentielle.
Eumónos : Mais comment trouver un parfait égal ?
Aristote : Ce n'est pas nécessaire. Il faut surtout que l'intéressement ne soit pas trop prononcé dans le chef d'un des prétendus amis. Le juste milieu, celui de la vertu, c'est de savoir s'entourer d'amis véritables, de gens qui peuvent compter sur vous et sur qui vous pouvez compter.
Polyphilos et Eumónos hochèrent la tête pour marquer leur accord. Aristote s'éloigna de quelques pas avant de se retourner.
Aristote : Ces feuilles de vigne sont délicieuses, aussi délicieuses que le conseil d'un ami, vous ne trouvez pas ?
Aristote avait été invité à une réception chez un riche marchand athénien exerçant également les fonctions d'archonte. Il s'appelait Polyphilos. C'était un homme riche et puissant, passionné par la philosophie. Il venait souvent écouter Aristote, aussi souvent que ses charges et son statut le lui permettaient. Sa maison était pleine à craquer, et les tables regorgeaient de victuailles.
Aristote tenait une coupe de vin qu'il venait de remplir au cratère. Il prit une feuille de vigne farcie quand Polyphilos s'approcha de lui.
Polyphilos : Aristote, cher maître. Comment trouvez-vous cette réception ?
Aristote : Je vous avoue que je préfère les plus petits comités, on ne s'entend pas, ici. Mais votre maison est splendide et le banquet est digne des plus grands rois.
Polyphilos : Merci pour ces compliments. Mais rien n'est trop beau pour mes amis et j'aime à les avoir tous autour de moi.
Aristote : Tous ces gens ici, sont donc vos amis ?
Polyphilos : Bien entendu. Nul n'entre ici qui ne soit mon ami.
Aristote : Je vois pourtant des gens de toutes extractions sociales et occupant diverses fonctions pour la Cité.
Polyphilos : Et alors ? Je ne suis pas hautain. Je laisse ça au nouveaux riches.
Aristote : Certes, c'est tout à votre honneur. Mais il ne peut s'agir d'amitié véritable. Un vrai ami est un égal car l'amitié doit être parfaitement réciproque et équitable. Si elle ne l'est pas, ce n'est plus de l'amitié mais de l'intéressement. Un roi ne peut rien attendre d'un mendiant, ce dernier est incapable de l'aider en cas de besoin, or l'entraide est la base de l'amitié. Donc il n'y a pas d'amitié possible entre personnes par trop inégales.
Le jeune fils de Polyphilos s'était approché.
Eumónos : Je le répète sans cesse à mon père. Ces gens ne sont pas ses amis et il doit prendre ses distances.
Aristote : Ce serait tomber dans l'excès inverse, jeune homme. L'amitié est le plus grand bien de l'homme. Elle noue les liens des communautés. Et les communautés forment à leur tour la Cité. L'amitié permet les relations sociale et l'Humain peut alors prendre part dans les affaires de la Cité. Et comme la vertu cardinale de l'homme est la participation à la cité, l'amitié est une chose essentielle.
Eumónos : Mais comment trouver un parfait égal ?
Aristote : Ce n'est pas nécessaire. Il faut surtout que l'intéressement ne soit pas trop prononcé dans le chef d'un des prétendus amis. Le juste milieu, celui de la vertu, c'est de savoir s'entourer d'amis véritables, de gens qui peuvent compter sur vous et sur qui vous pouvez compter.
Polyphilos et Eumónos hochèrent la tête pour marquer leur accord. Aristote s'éloigna de quelques pas avant de se retourner.
Aristote : Ces feuilles de vigne sont délicieuses, aussi délicieuses que le conseil d'un ami, vous ne trouvez pas ?
Maximusdefrance- Nombre de messages : 1775
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Re: Partie I - Dialogues
Vita d'Aristote: Dialogue XIV: Le Jeune Philosophe
Aristote en était au soir de sa vie. Sa réputation dépassait largement les mers qui bordent l'Ellade. Mais le vieux maître aimait de plus en plus à se promener dans les campagnes qui jouxtent Athènes. Un jour qu'il passait la porte ouest, il remarqua un groupe de jeunes gens assis dans un jardin. L'un d'entre eux se tenait sous un olivier, il semblait mener leur discussion. Si la vieillesse avait émoussé le corps d'Aristote, son esprit et sa curiosité étaient encore aussi affutés que la lame d'un couteau scythe. Il s'approcha du groupe. Il s'aperçut alors qu'ils parlaient de philosophie.
Un jeune : O Epikouros, parle-nous des Dieux.
Epikouros : Qu'est-ce qu'un Dieu, sinon un être parfait, et donc un être parfaitement heureux. Et s'ils sont parfaits, ils sont incorruptibles, donc leur bonheur est éternel. Aussi pourquoi les Dieux se soucieraient-ils de nous ? Nous devons nous désintéresser des Dieux car ils n'ont en retour aucun intérêt pour nos petites affaires.
Aristote : Quelles sottises !
Alors que tous se retournaient pour voir qui avait prononcé ces paroles, Aristote s'approcha, considéra une pierre et s'y assit.
Epikouros : Tu n'es pas d'accord avec ce que je viens de dire ?
Aristote : Comment le pourrais-je, puisque c'est faux ? Tu dis que les Dieux sont parfaits, n'est-ce pas. Mais réfléchi à ce qu'est la perfection. La perfection n'est pas seulement physique, elle est aussi morale. Un Dieu doit forcément être parfaitement moral, donc vertueux, donc bon.
Epikouros : Mais peut importe qu'il soit bon. Il est tellement parfait qu'il ne se soucie pas de nous.
Aristote : Que du contraire, sa perfection l'oblige à se préoccuper de tout, sans cela, il lui manquerait quelque chose et il serait imparfait. Et puis ,tu parles des Dieux, il n'en existe pourtant qu'un seul. Comment un être parfait pourrait-il exister à côté d'un autre ? De même, s'il est parfait, il est unique car toute perfection étrangère à la sienne ne peut que lui être retranchée.
Epikouros : L'unicité ne peut engendre la multiplicité. Si ton être parfait existe, rien ne peut exister à côté.
Aristote : L'argument est beau, mais il est inutile car visiblement nous existons, et de toute évidence Dieu existe. Je dirais même plus, notre existence implique celle de Dieu. Tout effet a une cause. L'existence elle-même doit avoir une cause, qui en a une elle-même... Si on veut éviter la régression à l'infini, il faut postuler une cause première. Or qui d'autre peut-être cette cause première sinon un être tellement parfait qu'il ne peut avoir ni début ni fin ? Cette cause première est la source de toutes les causes. Cette discussion, d'ailleurs, a plusieurs causes.
Epikouros : Tu m'intrigues...
Aristote : Alors tu es moins borné que je le pensais. Ecoute bien les autre causes de notre discussion. La cause matérielle, c'est toi, car tu es là et tes propos ont provoqué cette discussion. Tu es la matière première. La cause efficiente, c'est moi, car c'est moi qui instille en toi un peu de sagesse. Je suis l'artiste. La cause formelle, c'est la dialectique, que tu dois encore apprendre à maîtriser. C'est la technique de l'art. Et la cause finale, c'est la vérité qui s'implanter dans ton âme. C'est l'oeuvre terminée.
Aristote se leva alors que le jeune philosophe ne trouvait rien à répondre. Il épousseta son chiton et partit sans un mot. Arrivé à quelque distance, il leva les yeux vers le ciel et prononça ces mots :
Ce jeune homme ira loin. Ses idées risquent de se propager rapidement. Espérons que d'autres viendront qui poursuivront mon oeuvre et traqueront ce genre de pensées.
Aristote en était au soir de sa vie. Sa réputation dépassait largement les mers qui bordent l'Ellade. Mais le vieux maître aimait de plus en plus à se promener dans les campagnes qui jouxtent Athènes. Un jour qu'il passait la porte ouest, il remarqua un groupe de jeunes gens assis dans un jardin. L'un d'entre eux se tenait sous un olivier, il semblait mener leur discussion. Si la vieillesse avait émoussé le corps d'Aristote, son esprit et sa curiosité étaient encore aussi affutés que la lame d'un couteau scythe. Il s'approcha du groupe. Il s'aperçut alors qu'ils parlaient de philosophie.
Un jeune : O Epikouros, parle-nous des Dieux.
Epikouros : Qu'est-ce qu'un Dieu, sinon un être parfait, et donc un être parfaitement heureux. Et s'ils sont parfaits, ils sont incorruptibles, donc leur bonheur est éternel. Aussi pourquoi les Dieux se soucieraient-ils de nous ? Nous devons nous désintéresser des Dieux car ils n'ont en retour aucun intérêt pour nos petites affaires.
Aristote : Quelles sottises !
Alors que tous se retournaient pour voir qui avait prononcé ces paroles, Aristote s'approcha, considéra une pierre et s'y assit.
Epikouros : Tu n'es pas d'accord avec ce que je viens de dire ?
Aristote : Comment le pourrais-je, puisque c'est faux ? Tu dis que les Dieux sont parfaits, n'est-ce pas. Mais réfléchi à ce qu'est la perfection. La perfection n'est pas seulement physique, elle est aussi morale. Un Dieu doit forcément être parfaitement moral, donc vertueux, donc bon.
Epikouros : Mais peut importe qu'il soit bon. Il est tellement parfait qu'il ne se soucie pas de nous.
Aristote : Que du contraire, sa perfection l'oblige à se préoccuper de tout, sans cela, il lui manquerait quelque chose et il serait imparfait. Et puis ,tu parles des Dieux, il n'en existe pourtant qu'un seul. Comment un être parfait pourrait-il exister à côté d'un autre ? De même, s'il est parfait, il est unique car toute perfection étrangère à la sienne ne peut que lui être retranchée.
Epikouros : L'unicité ne peut engendre la multiplicité. Si ton être parfait existe, rien ne peut exister à côté.
Aristote : L'argument est beau, mais il est inutile car visiblement nous existons, et de toute évidence Dieu existe. Je dirais même plus, notre existence implique celle de Dieu. Tout effet a une cause. L'existence elle-même doit avoir une cause, qui en a une elle-même... Si on veut éviter la régression à l'infini, il faut postuler une cause première. Or qui d'autre peut-être cette cause première sinon un être tellement parfait qu'il ne peut avoir ni début ni fin ? Cette cause première est la source de toutes les causes. Cette discussion, d'ailleurs, a plusieurs causes.
Epikouros : Tu m'intrigues...
Aristote : Alors tu es moins borné que je le pensais. Ecoute bien les autre causes de notre discussion. La cause matérielle, c'est toi, car tu es là et tes propos ont provoqué cette discussion. Tu es la matière première. La cause efficiente, c'est moi, car c'est moi qui instille en toi un peu de sagesse. Je suis l'artiste. La cause formelle, c'est la dialectique, que tu dois encore apprendre à maîtriser. C'est la technique de l'art. Et la cause finale, c'est la vérité qui s'implanter dans ton âme. C'est l'oeuvre terminée.
Aristote se leva alors que le jeune philosophe ne trouvait rien à répondre. Il épousseta son chiton et partit sans un mot. Arrivé à quelque distance, il leva les yeux vers le ciel et prononça ces mots :
Ce jeune homme ira loin. Ses idées risquent de se propager rapidement. Espérons que d'autres viendront qui poursuivront mon oeuvre et traqueront ce genre de pensées.
Maximusdefrance- Nombre de messages : 1775
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Statut: Erudit
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