Hagiographie de Saint Théophraste
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Hagiographie de Saint Théophraste
Saint Théophraste, premier scolarque du Lycée
L'enfant prodige
En l'an 371 avant Christos, naquit Tyrtame, fils de Yiorgos et de Elenitsa, à Erèse dans l'île de Lesbos. Le jeune enfant montra très vite de grandes dispositions, il marcha bien avant les autres, déclama son premier vrai mot à l'âge de huit mois devant ses parents ébahis. Ils en furent d'autant plus surpris que sa toute première parole fut : "Dieu". Dès son plus jeune âge, Tyrtame eut Petros pour précepteur. L'homme était talentueux et lui appris l'écriture, les mathématiques et les bases des sciences. Il n'avait jamais vu élève aussi doué et restait sidéré de voir avec quelle facilité le garçon assimilait le savoir.
Petros, qui avait quelques connaissances à Athènes, proposa aux parents du jeune prodige de l'y emmener afin qu'il bénéficie des meilleurs enseignements. Yiorgos et Elenitsa durent se résoudre à l'évidence, garder Tyrtame auprès d'eux eut été le condamner à finir foulon. Ils décidèrent ainsi de le laisser quitter la demeure familiale accompagné de son précepteur, Petros, que Yiorgos affranchit. Tyrtame et son précepteur, devenus amis, voyagèrent jusque dans l'immense cité d'Athènes. Petros jugea opportun de présenter son jeune poulain à l'académie de Platon, bien qu'il faille d'excellentes références pour y entrer, il savait que le talent du jeune enfant sauterait aux yeux des maîtres.
L'académie et la connaissance
La chance était avec le jeune Tyrtame, malgré ses origines ouvrières, il fut choisi pour intégrer les rangs de l'académie. Attiré par le talent du jeune homme, Platon en personne vint voir le phénomène. Il suivit donc les cours du maître au gymnase, apprenant ainsi à connaitre la philosophie et à parfaire ses connaissances. C'est dans ce haut lieu de savoir que Tyrtame rencontra Aristote. Le jeune homme fut subjugué par le talent oratoire du prophète, il écoutait ses paroles et ses enseignements qu'il comprenait mieux que tous. Aristote remarqua rapidement les prédispositions du jeune homme, lui donna des leçons en privé, lui raconta comment il avait entendu Dieu lorsqu'il était jeune enfant. Tyrtame comprenait beaucoup de choses dans ce bas monde, il devisait sans cesse de cela avec ses maîtres, et Platon, tout comme Aristote, ne pouvaient que se rendre à l'évidence, le jeune homme était très doué, excellent orateur et fin esprit. Lorsque fut venu l'heure du conflit entre Platon et son disciple sur la copie des idées, Tyrtame resta estomaqué en voyant avec quel brio Aristote parvint à moucher le philosophe. Il constata l'évidence avec laquelle Aristote avait démontré le caractère unique de Dieu, et il décida de laisser l'académie pour suivre le prophète. Avec l'aval de son maitre, Platon, il quitta ainsi Athènes. Il y avait appris beaucoup et avait développé de nombreux talents, notamment celui de l'observation botanique, science qu'il avait fondée en passant des heures à reluquer des plantes de toutes sortes. Mais, ce qui le dominait encore, était la théologie. Il se sentait attiré par cette science comme un insecte par la lumière, il lui fallait trouver les réponses aux questions qu'il se posait et, suivre Aristote, lui permettrait d'assouvir cette soif de connaissance.
Le Lycée, Aristote, et la théologie
Tyrtame débarqua à Axos, sur la côte de la Troade, non loin d'Athènes, où Aristote avait fondé le Lycée et enseignait la théologie à ses nombreux disciples. Il s'investit alors énormément dans l'étude de cette nouvelle science, écoutant les longs discours du prophète sur la nature unique de Dieu, sur la vertu et sur l'amitié. Tyrtame devint ainsi le meilleur disciple et l'ami d'Aristote qui voyait en lui un grand avenir. Souvent, il retrouvait Aristote et ensemble, ils devisaient :
Tyrtame : -"Maître, nous savons que Dieu est unique, il est le moteur du monde et la finalité cosmique de l'univers. Mais si nous sommes ses enfants, que notre quintessence est divine, ne sommes-nous pas l'instrument de Sa volonté ?"
Aristote : -"Vois-tu mon ami, Dieu est celui qui voit tout, qui entend tout, qui peut tout. Sa volonté fut de nous créer avec cette terre, Il nous a donné ce que nous avons pour subvenir à nos besoins, mais a-t-Il décidé de nous imposer Sa volonté ? A-t-Il voulu nous forcer à l'aimer ?"
Tyrtame : -"Certes non, Il vous a demandé d'éclairer l'humanité sur Sa propre nature."
Aristote : -"Et pourquoi ce choix ? Pourquoi n'est-Il pas simplement apparu à l'Homme ?"
Tyrtame : -"Le Très Haut vous a choisi parmi les Hommes parce que vous n'êtes pas d'essence divine. Son choix fut de laisser à un homme le soin de guider les autres. Par ce choix, Il nous a laissé la liberté de croire en vos paroles et, in fine, de croire en Lui."
Aristote : -"Tu as vu juste mon cher ami. Si Dieu s'était imposé aux Hommes, alors, nous n'aurions été que de braves moutons. Qu'Il nous ait laissé dispenser Sa volonté à nos pairs nous prouve qu'Il croit en nous, et par conséquent, qu'Il nous considère comme Ses enfants, capables d'apprendre et de comprendre."
Tyrtame devint ainsi l'incontournable interlocuteur du prophète, diffusant et transmettant ce qu'il apprenait dans les cercles érudits de Grèce. A Athènes, il obtenait l'écoute d'un grand nombre, au Lycée, ses camarades voyaient en lui le prodige qu'il avait toujours été. Tyrtame fit de nombreux voyages à travers la Grèce, se rendant aussi bien à Thèbes qu'à Corinthe. Chaque fois, ses exposés et discours sur le Très Haut avaient l'adhésion de ses auditeurs. La clarté, la concision et la justesse de ses propos furent toujours loués, et l'on voyait en lui une sorte d'apôtre d'Aristote, désormais vu comme le prophète du Très Haut. Tyrtame était beaucoup apprécié par Aristote, il l'enchantait par le charme de sa parole. En retour, ce dernier lui donna le nom de Théophraste, qui signifie Divin parleur, en grec. Le jeune homme était devenu homme et sa réputation avait pris une ampleur peu commune, seul le prophète jouissait d'une reconnaissance encore plus grande. Théophraste resta ainsi en Grèce lorsque le prophète quitta Athènes avec son élève Alexandre pour conquérir le monde. Il fut nommé enseignant par Aristote, en charge de le remplacer et de former les jeunes disciples pour leur enseigner la parole que Dieu avait révélée. Cela dura plusieurs années qu'il mit à profit pour faire grandir l'amour divin dans le cœur des grecs, fidèle aux paroles du prophète et à ses enseignements.
La succession du Prophète
Aristote revint en Grèce, âgé d'une soixantaine d'année, il avait longtemps voyagé aux côtés d'Alexandre et était exténué. Théophraste avait géré le Lycée à merveille et le prophète ne put que reconnaître, une fois de plus, le talent, la ferveur, et la rigueur de son disciple. Alexandre venait de mourir quelques mois plus tôt et déjà, les complots faisaient rage pour se partager ses territoires. Nombreux étaient ceux qui, partout aux abords d'Athènes, tenaient Aristote pour responsable. Ils lui reprochaient d'avoir trop encouragé Alexandre à toujours plus de conquêtes. Ceux qui voulaient préserver le culte des dieux grecs s'attaquèrent à lui, brûlant sa maison, crevant les yeux de son fils, Nicomaque. Harassé et fatigué, le vieil homme préféra quitter la région pour s'installer à Chalcis et y vivre la fin de ses jours. Il n'oublia pas de nommer son successeur et fit de Theophraste, le scolarque* du Lycée en -322. Bien qu'il fut dévasté par le départ d'Aristote et par la manière avec laquelle ses ennemis le traitaient, Théophraste décida de lutter pour la survie du message du prophète. Il engagea ainsi une lutte de tous les instants contre les tenants du polythéisme, discourant en place publique pour fouler aux pieds leurs théories.
Théophraste : -"Mes amis, ne voyez-vous pas que ces hommes vous trompent ? Ils ont chassé le prophète et, par la violence, cherchent à nous faire taire ! Ils prétendent que les dieux sont en colère, que Zeus, Hadès et les autres fouleront bientôt nos terres pour nous punir d'avoir cru en un Dieu unique. Foutaises que cela ! Aristote l'a démontré, il ne peut y avoir qu'un Dieu, unique, omniscient, omnipotent, omniprésent. Il est ce qui nous compose, Il est ce qui nous entoure. S'ils refusent de voir la vérité, c'est seulement parce que le pouvoir qu'ils avaient sur la plèbe a cessé dès lors que fut prouvé le caractère unique du Très Haut. Ils ont perdu cette parcelle de contrôle qu'ils avaient sur nous et de cela en découle leur frustration. Trop longtemps nous avons écouté leurs âneries, trop longtemps nous avons donné offrandes et argent aux prêtres polythéistes. Aujourd'hui nous savons car Dieu nous a envoyé son message par la voix d'Aristote. Le Tout Puissant nous a donné le libre choix de croire en Lui, eux nous imposent leurs dieux par la haine et l'injustice. N'écoutez pas leurs discours sans profondeur, n'adhérez pas à leur rhétorique car elle est perfide et fielleuse."
Plus Théophraste parlait à la plèbe, plus celle-ci réfutait l'existence des dieux multiples. Les longues diatribes du scolarque avaient un impact énorme sur les Grecs, notamment en raison de son talent oratoire. Il démontait les arguments que lui opposaient les prêtres, démontrant avec clarté comment Dieu s'était révélé à Aristote et comment chacun avait un part de Dieu en lui. Aristote eut vent des performances de son successeur et déclara à son fils que désormais, l'espoir était né et que nul ne pourrait jamais effacer ce qui avait été fait. Lorsqu'il mourut, Théophraste fut terrassé par le chagrin, il se jura de perpétuer sa mémoire et son œuvre pour les siècles des siècles. Il écrivit alors ses mémoires qu'il publia, mémoires dans lesquelles figuraient les nombreux dialogues que les deux hommes avaient partagés.
Le scolarque atteignit alors une aura encore plus grande, on lui reconnaissait sa grandeur et sa finesse, son esprit si subtil et sa connaissance de la théologie. Il attira de plus en plus de disciples si bien qu'il n'était pas rare de le voir enseigner devant plus de mille élèves. Le Lycée devint incontournable pour qui voulait apprendre la théologie et comprendre le message qu'Aristote avait délivré à l'humanité. Avec la plus grande ferveur, Théophraste transmettait ce qu'il avait appris. Plus encore, il étendait à toutes les classes de population le message du Très Haut, acceptant des élèves de toutes les couches sociales, préférant instruire plutôt que de former une élite culturelle et théologienne.
Pendant plus de vingt ans, Théophraste s'acharna à diffuser l'idée que Dieu était unique, expliquant ce qu'était la vertu et l'amitié, démontrant que l'homme était doté d'un esprit et d'une âme. Ses nombreux élèves relayèrent ses enseignements aux quatre coins de la Grèce, permettant ainsi à la croyance dans le Très Haut de s'étendre et de s'ancrer plus profondément dans le cœur des peuples. Puis, vint Antiochos, fils de Séleucos, ami d'Alexandre et d'Aristote, dont la réputation de ferveur et de vertu avait transpiré de Syrie jusqu'en Grèce. Nombreux furent ceux, parmi les érudits, qui pensèrent qu'il était le nouveau prophète. Théophraste avait eu vent de ce jeune homme brillant, convainquant et si croyant. Il savait aussi que Nicomaque, le fils du prophète, avait été son précepteurs. Il décida d'aller rencontrer Antiochos en personne pour apprendre à connaitre celui qui avait eu les faveurs d'Aristote. Il revint de Syrie assuré d'avoir rencontré un grand homme, sage et fin connaisseur de la théologie. Tous deux restèrent en contact, se rencontrant peu de fois mais échangeant par de régulières missives. Antiochos apprenait de Théophraste et le scolarque apprenait d'Antiochos. Il en fut ainsi jusqu'à la mort du scolarque.
Les derniers jours du scolarque
Théophraste fut scolarque du Lycée pendant trente-quatre longues années, années durant lesquelles il forma de nombreux disciple dont un, en particulier, qui avait attiré son attention : Straton de Lampsaque. Lorsque Théophraste écrivit son testament, il demanda instamment que Straton soit son successeur. Il avait une grande confiance en cet élève doué, parti d'Athènes pour enseigner à la cour d'Alexandrie au Roi Ptolémée II.
Le scolarque, pendant ces longues années, avait réussi à faire décliner le culte polythéiste qui gangrénait la Grèce, gérant le Lycée et formant toute une génération de théologiens fervents et adeptes du Dieu unique. Il rédigea de nombreux ouvrages sur Aristote mais aussi sur sa vie et sur l'enseignement de la théologie. Il disposait d'une aura immense auprès des grecs qui voyaient en lui un homme sage et bon, digne successeur d'Aristote. Durant les derniers mois de sa vie, le scolarque s'affaira à terminer son œuvre en achevant les écrits qu'il n'avait pas terminé. Il fit don de l'argent qu'il avait amassé au Lycée avec pour objectif de promulguer le message du prophète.
C'est à l'âge avancé de quatre-vingt-trois ans que Théophraste s'éteignit dans son sommeil, entouré de la vénération publique. En l'honneur de son souvenir, les philosophes du Lycée et les érudits d'Athènes décidèrent d'une période de deuil. Théophraste fut ainsi visité par les plus grands hommes de son époque, lui rendant un dernier hommage. Son corps fut enterré à Athènes, sur une petite place et un olivier fut planté au dessus de sa sépulture. L'arbre donna de beaux fruits précocement, et certains virent là un signe de la vertu du Divin parleur.
Traduit du Grec par Monseigneur Bender.B.Rodriguez.
* scolarque = Recteur ou Directeur
L'enfant prodige
En l'an 371 avant Christos, naquit Tyrtame, fils de Yiorgos et de Elenitsa, à Erèse dans l'île de Lesbos. Le jeune enfant montra très vite de grandes dispositions, il marcha bien avant les autres, déclama son premier vrai mot à l'âge de huit mois devant ses parents ébahis. Ils en furent d'autant plus surpris que sa toute première parole fut : "Dieu". Dès son plus jeune âge, Tyrtame eut Petros pour précepteur. L'homme était talentueux et lui appris l'écriture, les mathématiques et les bases des sciences. Il n'avait jamais vu élève aussi doué et restait sidéré de voir avec quelle facilité le garçon assimilait le savoir.
Petros, qui avait quelques connaissances à Athènes, proposa aux parents du jeune prodige de l'y emmener afin qu'il bénéficie des meilleurs enseignements. Yiorgos et Elenitsa durent se résoudre à l'évidence, garder Tyrtame auprès d'eux eut été le condamner à finir foulon. Ils décidèrent ainsi de le laisser quitter la demeure familiale accompagné de son précepteur, Petros, que Yiorgos affranchit. Tyrtame et son précepteur, devenus amis, voyagèrent jusque dans l'immense cité d'Athènes. Petros jugea opportun de présenter son jeune poulain à l'académie de Platon, bien qu'il faille d'excellentes références pour y entrer, il savait que le talent du jeune enfant sauterait aux yeux des maîtres.
L'académie et la connaissance
La chance était avec le jeune Tyrtame, malgré ses origines ouvrières, il fut choisi pour intégrer les rangs de l'académie. Attiré par le talent du jeune homme, Platon en personne vint voir le phénomène. Il suivit donc les cours du maître au gymnase, apprenant ainsi à connaitre la philosophie et à parfaire ses connaissances. C'est dans ce haut lieu de savoir que Tyrtame rencontra Aristote. Le jeune homme fut subjugué par le talent oratoire du prophète, il écoutait ses paroles et ses enseignements qu'il comprenait mieux que tous. Aristote remarqua rapidement les prédispositions du jeune homme, lui donna des leçons en privé, lui raconta comment il avait entendu Dieu lorsqu'il était jeune enfant. Tyrtame comprenait beaucoup de choses dans ce bas monde, il devisait sans cesse de cela avec ses maîtres, et Platon, tout comme Aristote, ne pouvaient que se rendre à l'évidence, le jeune homme était très doué, excellent orateur et fin esprit. Lorsque fut venu l'heure du conflit entre Platon et son disciple sur la copie des idées, Tyrtame resta estomaqué en voyant avec quel brio Aristote parvint à moucher le philosophe. Il constata l'évidence avec laquelle Aristote avait démontré le caractère unique de Dieu, et il décida de laisser l'académie pour suivre le prophète. Avec l'aval de son maitre, Platon, il quitta ainsi Athènes. Il y avait appris beaucoup et avait développé de nombreux talents, notamment celui de l'observation botanique, science qu'il avait fondée en passant des heures à reluquer des plantes de toutes sortes. Mais, ce qui le dominait encore, était la théologie. Il se sentait attiré par cette science comme un insecte par la lumière, il lui fallait trouver les réponses aux questions qu'il se posait et, suivre Aristote, lui permettrait d'assouvir cette soif de connaissance.
Le Lycée, Aristote, et la théologie
Tyrtame débarqua à Axos, sur la côte de la Troade, non loin d'Athènes, où Aristote avait fondé le Lycée et enseignait la théologie à ses nombreux disciples. Il s'investit alors énormément dans l'étude de cette nouvelle science, écoutant les longs discours du prophète sur la nature unique de Dieu, sur la vertu et sur l'amitié. Tyrtame devint ainsi le meilleur disciple et l'ami d'Aristote qui voyait en lui un grand avenir. Souvent, il retrouvait Aristote et ensemble, ils devisaient :
Tyrtame : -"Maître, nous savons que Dieu est unique, il est le moteur du monde et la finalité cosmique de l'univers. Mais si nous sommes ses enfants, que notre quintessence est divine, ne sommes-nous pas l'instrument de Sa volonté ?"
Aristote : -"Vois-tu mon ami, Dieu est celui qui voit tout, qui entend tout, qui peut tout. Sa volonté fut de nous créer avec cette terre, Il nous a donné ce que nous avons pour subvenir à nos besoins, mais a-t-Il décidé de nous imposer Sa volonté ? A-t-Il voulu nous forcer à l'aimer ?"
Tyrtame : -"Certes non, Il vous a demandé d'éclairer l'humanité sur Sa propre nature."
Aristote : -"Et pourquoi ce choix ? Pourquoi n'est-Il pas simplement apparu à l'Homme ?"
Tyrtame : -"Le Très Haut vous a choisi parmi les Hommes parce que vous n'êtes pas d'essence divine. Son choix fut de laisser à un homme le soin de guider les autres. Par ce choix, Il nous a laissé la liberté de croire en vos paroles et, in fine, de croire en Lui."
Aristote : -"Tu as vu juste mon cher ami. Si Dieu s'était imposé aux Hommes, alors, nous n'aurions été que de braves moutons. Qu'Il nous ait laissé dispenser Sa volonté à nos pairs nous prouve qu'Il croit en nous, et par conséquent, qu'Il nous considère comme Ses enfants, capables d'apprendre et de comprendre."
Tyrtame devint ainsi l'incontournable interlocuteur du prophète, diffusant et transmettant ce qu'il apprenait dans les cercles érudits de Grèce. A Athènes, il obtenait l'écoute d'un grand nombre, au Lycée, ses camarades voyaient en lui le prodige qu'il avait toujours été. Tyrtame fit de nombreux voyages à travers la Grèce, se rendant aussi bien à Thèbes qu'à Corinthe. Chaque fois, ses exposés et discours sur le Très Haut avaient l'adhésion de ses auditeurs. La clarté, la concision et la justesse de ses propos furent toujours loués, et l'on voyait en lui une sorte d'apôtre d'Aristote, désormais vu comme le prophète du Très Haut. Tyrtame était beaucoup apprécié par Aristote, il l'enchantait par le charme de sa parole. En retour, ce dernier lui donna le nom de Théophraste, qui signifie Divin parleur, en grec. Le jeune homme était devenu homme et sa réputation avait pris une ampleur peu commune, seul le prophète jouissait d'une reconnaissance encore plus grande. Théophraste resta ainsi en Grèce lorsque le prophète quitta Athènes avec son élève Alexandre pour conquérir le monde. Il fut nommé enseignant par Aristote, en charge de le remplacer et de former les jeunes disciples pour leur enseigner la parole que Dieu avait révélée. Cela dura plusieurs années qu'il mit à profit pour faire grandir l'amour divin dans le cœur des grecs, fidèle aux paroles du prophète et à ses enseignements.
La succession du Prophète
Aristote revint en Grèce, âgé d'une soixantaine d'année, il avait longtemps voyagé aux côtés d'Alexandre et était exténué. Théophraste avait géré le Lycée à merveille et le prophète ne put que reconnaître, une fois de plus, le talent, la ferveur, et la rigueur de son disciple. Alexandre venait de mourir quelques mois plus tôt et déjà, les complots faisaient rage pour se partager ses territoires. Nombreux étaient ceux qui, partout aux abords d'Athènes, tenaient Aristote pour responsable. Ils lui reprochaient d'avoir trop encouragé Alexandre à toujours plus de conquêtes. Ceux qui voulaient préserver le culte des dieux grecs s'attaquèrent à lui, brûlant sa maison, crevant les yeux de son fils, Nicomaque. Harassé et fatigué, le vieil homme préféra quitter la région pour s'installer à Chalcis et y vivre la fin de ses jours. Il n'oublia pas de nommer son successeur et fit de Theophraste, le scolarque* du Lycée en -322. Bien qu'il fut dévasté par le départ d'Aristote et par la manière avec laquelle ses ennemis le traitaient, Théophraste décida de lutter pour la survie du message du prophète. Il engagea ainsi une lutte de tous les instants contre les tenants du polythéisme, discourant en place publique pour fouler aux pieds leurs théories.
Théophraste : -"Mes amis, ne voyez-vous pas que ces hommes vous trompent ? Ils ont chassé le prophète et, par la violence, cherchent à nous faire taire ! Ils prétendent que les dieux sont en colère, que Zeus, Hadès et les autres fouleront bientôt nos terres pour nous punir d'avoir cru en un Dieu unique. Foutaises que cela ! Aristote l'a démontré, il ne peut y avoir qu'un Dieu, unique, omniscient, omnipotent, omniprésent. Il est ce qui nous compose, Il est ce qui nous entoure. S'ils refusent de voir la vérité, c'est seulement parce que le pouvoir qu'ils avaient sur la plèbe a cessé dès lors que fut prouvé le caractère unique du Très Haut. Ils ont perdu cette parcelle de contrôle qu'ils avaient sur nous et de cela en découle leur frustration. Trop longtemps nous avons écouté leurs âneries, trop longtemps nous avons donné offrandes et argent aux prêtres polythéistes. Aujourd'hui nous savons car Dieu nous a envoyé son message par la voix d'Aristote. Le Tout Puissant nous a donné le libre choix de croire en Lui, eux nous imposent leurs dieux par la haine et l'injustice. N'écoutez pas leurs discours sans profondeur, n'adhérez pas à leur rhétorique car elle est perfide et fielleuse."
Plus Théophraste parlait à la plèbe, plus celle-ci réfutait l'existence des dieux multiples. Les longues diatribes du scolarque avaient un impact énorme sur les Grecs, notamment en raison de son talent oratoire. Il démontait les arguments que lui opposaient les prêtres, démontrant avec clarté comment Dieu s'était révélé à Aristote et comment chacun avait un part de Dieu en lui. Aristote eut vent des performances de son successeur et déclara à son fils que désormais, l'espoir était né et que nul ne pourrait jamais effacer ce qui avait été fait. Lorsqu'il mourut, Théophraste fut terrassé par le chagrin, il se jura de perpétuer sa mémoire et son œuvre pour les siècles des siècles. Il écrivit alors ses mémoires qu'il publia, mémoires dans lesquelles figuraient les nombreux dialogues que les deux hommes avaient partagés.
Le scolarque atteignit alors une aura encore plus grande, on lui reconnaissait sa grandeur et sa finesse, son esprit si subtil et sa connaissance de la théologie. Il attira de plus en plus de disciples si bien qu'il n'était pas rare de le voir enseigner devant plus de mille élèves. Le Lycée devint incontournable pour qui voulait apprendre la théologie et comprendre le message qu'Aristote avait délivré à l'humanité. Avec la plus grande ferveur, Théophraste transmettait ce qu'il avait appris. Plus encore, il étendait à toutes les classes de population le message du Très Haut, acceptant des élèves de toutes les couches sociales, préférant instruire plutôt que de former une élite culturelle et théologienne.
Pendant plus de vingt ans, Théophraste s'acharna à diffuser l'idée que Dieu était unique, expliquant ce qu'était la vertu et l'amitié, démontrant que l'homme était doté d'un esprit et d'une âme. Ses nombreux élèves relayèrent ses enseignements aux quatre coins de la Grèce, permettant ainsi à la croyance dans le Très Haut de s'étendre et de s'ancrer plus profondément dans le cœur des peuples. Puis, vint Antiochos, fils de Séleucos, ami d'Alexandre et d'Aristote, dont la réputation de ferveur et de vertu avait transpiré de Syrie jusqu'en Grèce. Nombreux furent ceux, parmi les érudits, qui pensèrent qu'il était le nouveau prophète. Théophraste avait eu vent de ce jeune homme brillant, convainquant et si croyant. Il savait aussi que Nicomaque, le fils du prophète, avait été son précepteurs. Il décida d'aller rencontrer Antiochos en personne pour apprendre à connaitre celui qui avait eu les faveurs d'Aristote. Il revint de Syrie assuré d'avoir rencontré un grand homme, sage et fin connaisseur de la théologie. Tous deux restèrent en contact, se rencontrant peu de fois mais échangeant par de régulières missives. Antiochos apprenait de Théophraste et le scolarque apprenait d'Antiochos. Il en fut ainsi jusqu'à la mort du scolarque.
Les derniers jours du scolarque
Théophraste fut scolarque du Lycée pendant trente-quatre longues années, années durant lesquelles il forma de nombreux disciple dont un, en particulier, qui avait attiré son attention : Straton de Lampsaque. Lorsque Théophraste écrivit son testament, il demanda instamment que Straton soit son successeur. Il avait une grande confiance en cet élève doué, parti d'Athènes pour enseigner à la cour d'Alexandrie au Roi Ptolémée II.
Le scolarque, pendant ces longues années, avait réussi à faire décliner le culte polythéiste qui gangrénait la Grèce, gérant le Lycée et formant toute une génération de théologiens fervents et adeptes du Dieu unique. Il rédigea de nombreux ouvrages sur Aristote mais aussi sur sa vie et sur l'enseignement de la théologie. Il disposait d'une aura immense auprès des grecs qui voyaient en lui un homme sage et bon, digne successeur d'Aristote. Durant les derniers mois de sa vie, le scolarque s'affaira à terminer son œuvre en achevant les écrits qu'il n'avait pas terminé. Il fit don de l'argent qu'il avait amassé au Lycée avec pour objectif de promulguer le message du prophète.
C'est à l'âge avancé de quatre-vingt-trois ans que Théophraste s'éteignit dans son sommeil, entouré de la vénération publique. En l'honneur de son souvenir, les philosophes du Lycée et les érudits d'Athènes décidèrent d'une période de deuil. Théophraste fut ainsi visité par les plus grands hommes de son époque, lui rendant un dernier hommage. Son corps fut enterré à Athènes, sur une petite place et un olivier fut planté au dessus de sa sépulture. L'arbre donna de beaux fruits précocement, et certains virent là un signe de la vertu du Divin parleur.
Traduit du Grec par Monseigneur Bender.B.Rodriguez.
* scolarque = Recteur ou Directeur
aurelien87- Nombre de messages : 382
Date d'inscription : 10/08/2012
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